© Nicolas Guercin
Sexualité & Société

COMMENT VIOLER SANS SE FAIRE PRENDRE ?

Violer c’est un délit. Vous devez absolument vous sortir ce genre d’idées de la tête. Ce n’est ni sain, ni fun, ni thug, ni élégant, ni drôle, ni juste une blague, encore moins banal. On ne viole pas les gens qui nous entourent. On ne viole pas les gens qui nous attirent. On ne viole pas les gens que l’on aime. On ne viole pas les gens même quand ils/elles nous énervent. On ne viole pas les gens même quand ils/elles nous ont fait mal. On ne viole pas les gens tout court.

© Nicolas Guercin
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Alors laissez-moi vous le répéter afin que cela s’imbrique bien dans votre esprit, ou s’immisce assez dans votre âme : violer c’est un délit. Violer c’est un délire. Et ce n’est ni cool, ni justifiable, ni excusable, ni excitant, ni tranquillisant.

Violer c’est violent. Violer c’est injuriant. Violer c’est dégradant (pour vous comme pour l’autre). Violer c’est méprisant. Violer c’est méprisable. D’ailleurs le viol est un acte sans tact qui est à mépriser par chacune et tous. Violer c’est rabaissant (pour vous comme pour l’autre). Violer c’est voiler… la valeur de l’autre, son droit à disposer librement de ce qu’il/elle est. C’est pourquoi chaque viol ne doit plus être dissimulé, ni pardonné. Chaque viol doit être accusé, récusé, et réprimé. Encore plus en Afrique, où le taux de viols tend à s’accroître sans réellement être objet de punitions fermes. Encore plus en Afrique, où nous tentons constamment de justifier, de pardonner, de dédommager les violeurs, au nom des liens de filiations qu’on entretient avec eux. Encore plus en Afrique, où les victimes de viols sont harcelés de part et d’autre par des railleries, des rabaissements, des dénigrements sans tête de conscience ni queue de bon sens. Or chaque viol doit être accusé, récusé, et réprimé.

Et c’est valable quelle que soit votre orientation sexuelle, votre sexualité, votre identité culturelle, votre statut économique, votre origine, votre religion ou votre âge.

(C) Spurce : Pexels – Photo by Anete Lusina

Et ce n’est pas la faute à la personne violée. C’est la vôtre. Ce n’est pas la faute à la tenue qu’elle a porté. C’est la vôtre. Ce n’est pas la faute à la quantité d’alcool qu’elle a pu boire, c’est la vôtre. Ce n’est pas la faute de l’endroit où elle se trouvait, c’est la vôtre. Rien concernant l’autre n’est invitation à se faire violer. C’est plutôt à vous de vous discipliner.

Vous devez donc apprendre à contrôler vos excédents d’adrénaline. Vous devez apprendre à maîtriser vos pulsions puériles. Vous devez apprendre à rééduquer les inacceptables pratiques que votre culture ou votre société vous a léguées. Vous devez apprendre à déconstruire les clichés sur lesquels vos complexes se sont enracinés.

Car cela ne montre en rien que vous êtes détenteur d’une virilité supérieure. Et cela ne vous confère aucun pouvoir qui mérite d’être honoré. Cela ne témoigne de votre part, d’aucun sens du contrôle. Le contrôle c’est de savoir se retenir. Le contrôle c’est de pouvoir vous fixer des limites qui respectent l’autre dans son intimité. Le contrôle c’est de savoir respecter l’autre dans son intégrité. Le contrôle c’est de savoir prendre en compte le refus de l’autre. Le contrôle c’est de savoir se rassurer du consentement de l’autre avant tout acte charnel. Le contrôle c’est de refuser de convertir un non en oui, au nom de clichés aussi mensongers que nos préjugés teintés de fuite de responsabilité.

Et si vous avez cliqué pour être ici, vous devez vous questionner. Vous devez comprendre que tant de comportements et d’attitudes entérinent le pire au détriment du discernement. Vous devez comprendre que le viol n’est ni à minimiser, ni à normaliser, ni à encourager, ni à dédommager.

Alors si vous avez des idées comme comment violer sans se faire prendre, il est temps que vous acceptiez de vous faire aider. Prendre cette décision, c’est prouver que vous êtes prêts à grandir, à vous améliorer, à rendre meilleur la société, à promettre un avenir de sérénité aux progénitures futures de l’humanité.

(C) Source : Pexels – Photo by Alex Green

Maintenant dîtes-moi : de quel côté de l’histoire (africaine) voulez-vous être ? Ceux et celles qui se transforment intérieurement pour changer les choses ? Ou ceux et celles qu’on doit éliminer (évincer) pour changer les choses dans nos sociétés (africaines) ?

© Djamile Mama Gao

Togolais et Malien par ascendance, Djamile Mama Gao est originaire du village de Sori au Bénin. Après des études au Prytanée Militaire de Bembèrèkè et une formation journalistique, il est aujourd'hui slameur, écrivain, journaliste, et entrepreneur. Son travail esthétique et de recherche s'intéresse aux questions liées au sexe, aux sexualités, à la sensualité et à l'érotisme. Il est le fondateur du média Afrotismes.